[CRITIQUE] Batman : Joker


Pour la sortie du film The Dark Knight, DC Comics avait commandé en 2008 un album dédié au personnage du Joker, dans un style proche du film. Ecrit par Brian Azzarello, dessiné par Lee Bermejo et mis en couleur par Patricia Mulvihill, cet album, intitulé tout simplement Joker, fut édité en 2009 chez Panini Comics. Ce fut pour moi un réel coup de coup de coeur et surtout mon premier comic de Batman, qui me donna goût à cet univers. Je reviens donc dessus 3 ans plus tard, par nostalgie…

Cet album sombre et mature fut aussi acclamé que critiqué car il prend clairement un parti-pris sur le Joker. Exit le classique clown coloré aux multiples gadgets mortels, voici venu le temps du psychopathe, chef de pègre au maquillage crasseux, avide de sexe, de drogue et de destruction…On retrouve ici clairement l’inspiration du Joker de Nolan, joué remarquablement par feu Heath Ledger. Ce parti-pris enchantera les fans du films mais pourra décevoir les puristes, férus de comics. En ce qui me concerne, les deux facettes du Joker sont aussi intéressantes et se complètent. L’ album pourrait d’ailleurs, même s’il est indépendant, être une suite directe du film car il commence magistralement par la libération du Joker d’Arkham, bien décidé à reconquérir son territoire: Gotham City.

Seulement les chefs de pègres locaux se sont appropriés ce territoire, il va donc falloir faire du ménage. Au passage le Joker se fera des alliés comme des ennemis dans la galerie habituelle des méchants: Harley Queen, Killer Croc, le Pingouin, le Sphinx, Double-face…Rien de bien original pour le moment, me diriez-vous, détrompez-vous! Azzarello a eu en effet la brillante idée de faire d’un simple acolyte le narrateur principal.

Jonny Frost est en effet un petit looser, reconverti depuis peu au banditisme, un individu pommé que le hasard a plus ou moins amené au crime. Il pourrait être vous ou moi. Or ce « nettoyeur », comme on dit dans le jargon criminel, est désigné pour aller chercher Joker le jour de sa sortie d’Arkham. S’en suit une certaine affection de la part du Joker envers Jonny, enfin on sait jamais trop avec le Joker, qui entraîne le lecteur dans diverses péripéties.

Peur, fascination, dégoût, compassion…la relation de Jonny Frost avec son « mentor » est bien complexe et remarquablement écrite par Azzarello, malgré des éléments d’intrigue peu explicités. Le scénario donne lieu à une véritable autobiographie où Jonny Frost nous confie ses joies, ses tristesses, ses doutes et surtout témoigne du malaise d’un monde où, pour survivre, le menu fretin doit côtoyer les gros méchants et flirter avec la mort…

Qu’en est-il de Batman dans tout ça? Second point fort du récit: Batman est quasiment absent, on le voit juste sous forme d’ombre parmi les gargouilles telle une sentinelle silencieuse mais menaçante. Comme nous sommes du point de vue des « méchants », Batman est ici une menace, une machine à justice effrayante, « le chevalier noir », cependant seul remède efficace contre la folie du Joker.

Car n’allez pas croire que le Joker est un simple chef de pègre excentrique, c’est un véritable psychopathe cruel et pervers, commettant d’affreux meurtres et dont le rire démoniaque envahit sans cesse les planches et donc votre esprit de lecteur. On a beau être fasciné par le Joker, on est bien content d’avoir Batman de notre côté…

Enfin cet album ne serait pas une réussite sans le talent de Bermejo déjà remarqué pour Deathblow, du même scénariste. Ce dessinateur alterne planches de peintures magnifiques, laissant rêveur et dessins aux coups de crayons bien prononcés, donnant un effet de réalisme saisissant. Certaines planches comme la sortie du Joker d’Arkham ou le duel final sont tout simplement ahurissantes.

Par ailleurs Batman et ses ennemis ont subi un relooking plus réaliste pour coller avec le film de Nolan: Harley Queen est devenue une prostituée, Killer Croc un simple chef de gang à la peau écailleuse, le Sphinx une fashion victim…Certains parmi vous pourront être décontenancés mais tout participe d’une intrigue et d’un style cohérents, matures, sombres et franchement appréciables. Un grand moment de lecture même si cet album n’a pas de répercussion dans la chronologie évènementielle du chevalier noir…

Les plus:

  • un récit original et mature
  • un dessin remarquable
  • un relooking plus réaliste des personnages
  • un comic de Batman quasiment sans Batman
  • le Joker dans toute sa splendeur fascinante

Les moins:

  • parti-pris concernant le Joker
  • relooking radical des personnages
  • intrigue parfois confuse

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L’avis de Batman :

Il y a du bon et du moins bon dans ce « JOKER ». Je dirais que le gros point fort qui justifie à lui seul la lecture de l’album reste la qualité de ses dessins. La patte de Lee Bermejo est tout simplement superbe tout au long de l’album, on prend plaisir à chaque case devant la beauté des illustrations.
Je dirais que l’album m’a un peu plus déçu du coté du scénario, même si l’idée de placer le narrateur comme étant finalement un personnage secondaire est très intéressante. On pourrait reprocher à l’album de ne pas avoir de véritable trame, on suivra juste le Joker de sa sortie de l’asile jusqu’à la dernière page sans véritable fil conducteur. Pas de réel suspens ni de rebondissement. Pas de grosses références à l’univers de Batman non plus. Finalement, cet album conviendra parfaitement aux néophytes, et à sa cible principale : les fans de The Dark Knight qui veulent s’essayer au monde des comics. Mais même si l’histoire de cet album ne marquera pas les esprits, il n’en reste pas moins intéressant à lire.

2 réflexions sur « [CRITIQUE] Batman : Joker »

  1. J’ai toujours pas eu la motiv de le lire -_-
    et je suis scéptique pour le « le Joker dans toute sa splendeur fascinante »

  2. Si tu ne le lis pas, comment peux-tu être sceptique à ce propos? 🙂 Je préfère comme toi la traditionnelle facette clownesque et déjantée du Joker mais la facette psychopathe, dévoilée dans The Dark Knight et reprise dans cet album, reste néanmoins intéressante…

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