[CRITIQUE] Batman – L’Asile d’Arkham

Après le succès du jeu vidéo Batman Arkham Asylum, Panini Comics nous propose bien tardivement, pour la somme correcte de 18 euros, la traduction française du comic le plus énigmatique dans l’univers de Batman , j’ai nommé sans surprise: L’Asile d’Arkham! Pour les non-anglicistes qui n’avaient pas acheté la fameuse 15th anniversary edition avec tous ses bonus, c’est donc le moment de mettre la main au porte-monnaie puisque la présente édition est la réplique française, moins le carnet de script hélas. Malgré cette baisse du rapport qualité/prix, je vais tenter de vous montrer en quoi ce comic est génial et donc  indispensable…


Le contexte

Ce qui confère avant tout à BAA (Batman Arkham Asylum) son originalité, c’est son style graphique indémodable, preuve en est cette magnifique couverture hallucinante. Nous sommes en 1989, l’univers du Batman moderne, tel que nous le connaissons aujourd’hui, vient de naître avec Year One de Miller et l’ancien univers vient de finir avec The Dark Knight Returns, du même Miller. Nous sommes donc à un moment clé dans la chronologie de notre justicier: Batman est à présent un héros sombre et son univers est réaliste et violent. Exit le kitsch et l’abstrait. Pourtant le célèbre Grant Morrison ne se sent pas encore prêt pour cette vague et décide, à contre-courant, d’écrire un comic onirique, déjanté, imprévisible. Ainsi lorsqu’on l’interroge sur ses intentions, il déclare: « Je voulais approcher Batman du point de vue de l’hémisphère onirique, émotionnel et irrationnel; comme une réponse au traitement très littéral, réaliste, brutal des superhéros qui était en vogue à l’époque, dans la veine de The Dark Returns, Watchmen, etc » (Propos traduit et extrait du script de l’édition anglaise). Il fait donc appel au talentueux Dave Mac Kean pour réaliser ce qui allait être un chef d’oeuvre…

La couverture

Commençons par le commencement : la couverture. Sans doute l’une des plus belles couvertures de comics. On y voit la silhouette presque fantomatique de Batman s’engouffrer dans la bouche du Joker, représentant la façade d’entrée. Les fans du jeu vidéo y retrouveront la même façade à la fin du jeu, en se rendant à la fête du Joker. D’emblée cette couverture symbolise le rapport du lecteur au comic:  tel Batman, nous allons nous engouffrer dans un enfer de folie. En voici le guide:

Le récit

L’ histoire se compose de deux récits parallèles et complémentaires: d’une part le récit autobiographique  très sombre et violent du docteur Amadeus Arkham, fondateur de l’Asile. Ce dernier, suite au meurtre de sa famille par Chien fou( Mad Dog), sombre dans la folie et fait de son asile un véritable centre de torture mentale. Les fans du jeu retrouveront ici une fois de plus la fameuse voix mystérieuse d’Arkham!

D’autre part, l’aventure dans le présent tout aussi sombre de notre héros masqué.  Batman, après un appel du Joker, doit en effet tenter de libérer les otages dans l’asile. Notre clown meurtier, devenu maître de scène, organise en effet une fête macabre, afin de proposer  un défi  à Batman: il dispose d’une heure pour affronter chacun de ses vieux ennemis soit physiquement soit mentalement. Sans quoi, le Joker exécute tous les otages!

Au fur et à mesure, les deux intrigues se recoupent donc et il devient difficile voire impossible de différencier réalité et fiction. D’autant plus que Morrison se sert habilement des citations d’ Amadeus Arkham pour commenter les scènes concernant Batman.  On est donc littéralement plongé dans le stress, l’angoisse et la folie.  Sans compter que Batman devra affronter son plus grand ennemi: la folie pure qui nous menace à tout instant. Quant au dénouement saisissant, je vous laisse le découvrir par vous-même!

Le dessin

Une telle intrigue délirante exige un dessin onirique et abstrait. Ce que Dave MacKean réalise à merveille. Le style graphique est proprement ahurissant: la plupart des silhouettes sont floues, les couleurs très vives et contrastées, les décors de style « burtonien »,  et les personnages souvent méconnaissables. Il faut prendre du temps en effet pour reconnaître dans chaque dessin ce qui est dessiné. Le tout donne un effet « brumeux », « onirique » qui est tout simplement magnifique.  Si vous aimez ce style, je vous conseille les dessins de Templesmith assez proches. MacKean a même fait des collages d’objets pour certaines planches.  Bref, vous l’avez compris ce comic est une véritable oeuvre d’art! Je vous laisse admirer quelques planches:

Un récit et un dessin un peu trop originaux?

Cependant ce qui fait la richesse et l’originalité de ce comic peuvent aussi le desservir car l’intrigue trop complexe, très sombre et le dessin torturé, flou peuvent en décourager plus d’un. Ce comic reste ainsi réservé aux initiés et aux  fans. Ce n’est pas  pour rien en effet que le jeu vidéo grand public ne reprend ni la trame principale, ni l’esthétique….

Pour résumé, je dirais que ce comic est un pur chef-d’œuvre artistique, autant du point de vue du récit que du dessin. Il peut certes vous dérouter mais il fait partie paradoxalement des comics les plus importants dans l’univers de Batman. Non pour son rôle chronologique, quasi absent, mais pour son originalité et sa richesse qui prouvent que l’univers de Batman est bien vaste et permet un infini de  possibles! Avec en plus les nombreux bonus à la fin , cette réédition française vous promet de nombreuses heures de lectures et relectures….

(Les screens proviennent de mon édition anglaise et non de la réédition française.)

Les plus:

  • une intrigue complexe et mémorable
  • un style graphique magnifique et original
  • un comic riche à lire et relire

Les moins:

  • Un récit parfois trop complexe
  • des dessins un poil trop flous
  • réservé aux connaisseurs

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L’avis de Batman :

L’Asile d’Arkham fut une de mes premières BD de Batman. Je ne l’ai pas forcément apprécié à la première lecture, mais les livres ont l’avantage de pouvoir être relus. A chaque nouvelle lecture, le plaisir est désormais toujours là. La trame pourtant simple permet de mettre en évidence des personnages à la psychologie très bien travaillée. Je n’était pas encore initié au style de McKean à l’époque, mais ses illustrations particulières participent beaucoup à l’univers du récit, et c’est aujourd’hui un style graphique que j’apprécie. En bref, l’asile d’Arkham est une très bonne histoire de Batman, on regrettera un peu que la VF de ne soit pas aussi fidèle que l’édition VF de « Reporter ».
Mention spécial à la blague du bébé spasmophilique.

2 réflexions sur « [CRITIQUE] Batman – L’Asile d’Arkham »

  1. bel ouvrage dans lequel je regrette 2 -(3) détails.
    1. Batman qui s’excuse de son retard envers Gordon
    2. l’humiliation de Dent
    (3. Batman sans gant)

    je sais, je pinaille, mais l’album, son ambiance, sans ça, sont parfaits…

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