[Critique] Batman Univers HS4

Suite directe de Batman Univers HS3 et des épisodes parus dans Batman Univers 7 à 9, Batman Univers HS4 se penche sur la suite des aventures de Duke Thomas et de ses acolytes du collectif « We are Robin ».

L’équipe des Robin est dissoute est chacun de ses membres continue sa vie de son côté. Duke Thomas poursuit ses recherches pour retrouver ses parents, disparus depuis qu’ils ont été contaminés par le virus Joker. Il parvient à les retrouver dans un hôpital psychiatrique mais malheureusement leurs mémoires et leurs personnalités sont changées à jamais, tout comme leurs visages figés en un sourire forcé.

Couverture de « We are Robin » #10

En parallèle, un adolescent surnommé Rictus, à cause de son visage arborant lui aussi constamment un sourire, termine sa peine dans un centre de détention pour mineur et retourne chez ses parents. Le ton monte rapidement lorsque ceux-ci lui dictent les nouvelles règles auxquelles Johnny, de son vrai nom,  va devoir se soumettre dans la maison. En effet, ils veulent que leur fils retourne sur le droit chemin et font le choix de lui imposer un règlement strict pour le discipliner. Cependant, le jeune homme ne l’entend pas de cette oreille, affirmant que ce sont ses parents qui ont fait de lui ce qu’il est.

En réalité, le jeune Johnny est frappé d’une maladie qui empêche son visage d’exprimer la moindre expression. Ses parents ont donc décidé de le faire opérer alors qu’il n’était encore qu’un enfant pour que son visage soit souriant et plus avenant. Mais puisque Johnny ne contrôle pas les muscles de son visage, ce sourire est figé, à jamais, donnant au jeune homme une expression plus dérangeante que bienveillante qui lui vaudra son surnom, Rictus.

Revenons au conflit qui oppose les parents de Johnny à celui-ci. En désaccord avec les nouvelles règles édictées par ses parents, l’adolescent s’énerve violemment ce qui déclenche la colère de son père qui déclare ne plus vouloir de lui au sein du foyer familial. Rictus se rend dans sa chambre, récupère une arme qui y était cachée, se maquille comme son idole, le Joker, descend les escalier et assassine ses parents d’une balle dans la tête.

Le jeune homme s’enfuit de son domicile et va recruter des jeunes gens désœuvrés et former un gang, les « Jokerz », dont le seul but est de « s’amuser », ce qui, dans l’esprit dérangé de Rictus, signifie agresser gratuitement des citoyens innocents de Gotham. Ces exactions vont pousser les Robin à reprendre contact les uns avec les autres et à se reformer pour s’opposer aux Jokerz.

Le dernier épisode de l’ouvrage se penche sur un ancien Robin, qui apporte son aide à un groupe de délinquants lors d’un cambriolage pour réunir un peu d’argent pour sa famille. Pris de remords, le jeune homme envoie un message aux anciens Robin pour leur dire qu’il a fait un mauvais choix, mais pour des bonnes raisons et leur demander de ne pas le juger. Les Robin décident alors de lui venir en aide et interviennent pour arrêter le groupe de délinquants et remettre l’ancien Robin dans le droit chemin.

Critique

Ce Hors-Série, sans être un indispensable, est un bon ouvrage. Néanmoins, avoir lu les aventures précédentes des Robin (publiées dans Batman Univers HS 3 et Batman Univers 7 à 9) est un prérequis quasiment nécessaire pour bien comprendre le contexte et les personnages de l’histoire.

Le scénario, les dialogues, les personnages sont les points forts de cette histoire. Les dessins sont bons, sans être exceptionnels, clairs et les couleurs sont très agréables. Le dernier épisode, même si il est déconnecté de l’histoire principal, est bon et a un côté ‘feel-good’ appréciable dans l’univers sombre de Batman.

Bref, si vous avez aimé les aventures précédentes du collectif ‘We are Robin’, achetez ce comics, vous ne le regretterez pas.

Je me permets de finir cette article par une petite digression concernant l’influence actuelle du Joker dans les productions DC Comics. Il est, à mon sens, incompréhensible que dans un univers aussi riche que celui de Batman, le Joker soit aussi omniprésent dans les publications actuelles. Pour n’en citer que quelques une : la run de Snyder (j’y reviendrais plus longuement dans un article dédié), Dark Knight The Last Crusade, la saga Batman Arkham et là maintenant même les Robins.

L’obsession de Rictus pour le Joker est un des éléments déclencheur de ce récit

Alors attention, je ne critique, à aucun moment, le personnage, sa symbolique ou la manière dont il est intégré aux différents récits. J’adore le Joker et en sa qualité de némésis du chevalier noir, il est normal qu’il apparaisse régulièrement. Néanmoins j’aurais préféré un autre adversaire plutôt qu’un ersatz du Joker, et ce pour deux raisons.

Tout d’abord, comme je l’ai dit, le Bat-verse est très riche et cette quasi-obsession du Joker a tendance à occulter les autres adversaires iconiques du chevalier noir : Double-Face, le Pingouin, l’Homme-Mystère pour ne citer qu’eux. Ces personnages, même s’ils ne sont pas diamétralement en opposition de Batman comme peut l’être le Joker, sont intéressants, ont une histoire et une profondeur qui mériteraient d’être plus présentes dans les productions actuelles.  Un autre adversaire de Batman aurait pu servir d’inspiration à un groupe de jeunes délinquants.

Rictus et les Jokerz attaquent l’école de Duke Thomas

Deuxièmement, l’obsession du Joker bride les créateurs et empêche l’émergence de nouveau ennemis. Pour prendre deux exemples, la Cour des Hiboux et le Docteur la Mort sont des nouveaux adversaires pleins de complexité et qui ont donné du fil à retorde à Batman. Ils sont pourtant apparus, pour la première fois, dans la série principale Batman. Si l’on est capable d’oser la création de nouveaux personnages dans cette série principale, pourquoi, dans les séries « secondaires », les éditeurs se limitent-ils à des lieux communs ?

Puisque ce sont les titres principaux qui font vendre les comics, ils faut oser prendre des risques dans les séries annexes, quitte à se tromper et stopper prématurément  ce titre. Les épisodes « We are Robin » ont pris ces risques : un groupe de jeunes gens se forme, inspirés par le chevalier noir, reprenant les couleurs de son coéquipiers, leurs actions bridées par des lois (oui, de la politique dans les comics de super-héros), puis le groupe est dissous à la suite de la « Guerre des Robins ». Il fallait une bonne raison pour que le groupe se reforme et à l’évidence un nouvel adversaire. Et là, on nous sort le Joker. Patatra ! Toute l’originalité de l’arc We are Robin est occulté par ce pseudo-Joker, malheureusement.

Je le redis, c’est néanmoins un bon comics, lisez-le sans attendre et n’hésitez pas à donner votre avis dans les commentaires et à débattre sur ce que j’appelle la Jokerisation à outrance du Bat-verse.

 

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