Nouveau complet dédié aux personnages du Hellboyverse. L'histoire du chasseur de sorcières victorien Sir Edward Grey est pleine d'aventures et de monstres dans le style le plus classique.
Mike Mignola a créé Hellboy avec une idée très claire : il appartenait à un monde immense, plein de nombreuses histoires qui se déroulent avant, pendant et après la vie du protagoniste rouge de sa série. C’est ainsi que sont nés Aidp, Abe Sapien, Lobster Johnson et le comic qui nous concerne, Sir Edward Grey.
Situé à la fin du siècle, Sir Edward Gray est un personnage qui ressemble aux antagonistes de Dracula dans le roman de Stoker (comme Seward ou Morris plus que Van Helsing), Allan Quatermain de H. Rider Haggard avec une touche sociale dickensienne. Mais malgré cette atmosphère qui peut paraître si littéraire, il s'agit d'une bande dessinée, nous avons donc beaucoup d'aventures pulp et même de romans à dollars du Far West pour équilibrer la sobriété victorienne avec quelque chose de plus populaire.
Mignola est connu pour recruter de grands professionnels dans ses projets. Restant traceur et directeur créatif, il laisse une grande liberté à tous ses collaborateurs et crée un monde uni et intégré, mais avec le style propre de chaque auteur. Dans Sir Edward Grey, chasseur de sorcières Nous avons trois histoires de deux scénaristes comme John Arcudi, un professionnel bien connu de la bande dessinée, et Kim Newman, plus connu comme romancier (si vous n'avez pas lu son année de Dracula, il vous manque un joyau des romans de vampires) et qui adapte son style et rend d’ailleurs hommage aux créatures lovecraftiennes avec son intrigue d’horreur populaire Les Mystères d’Interra.
Arcudi est chargé de présenter et de donner forme aux idées de Mignola qui sont à l'origine de Sir Edward Grey, chasseur de sorcières. Et puis il ajoute les grands détails qui composent le drame de ce monsieur au service de la Reine avec un métier très particulier. Il met en scène de futurs ennemis, montre le monde et les alliés de Grey et présente deux histoires surnaturelles remplies de fantômes, de monstres, de démons et de cultes secrets. Mais pour bien faire comprendre que Londres n'est pas le seul théâtre du drame du chasseur, Arcudi confronte notre Monsieur à une menace mystique au cœur de la plaine nord-américaine.
Le premier dessiné par Ben Steinbeck montre clairement que Mignola a un grand talent pour trouver des artistes spéciaux. L'artiste est concis, avec une ligne définie avec d'énormes contrastes noirs, clairs et proches des influences de Mignola, mais sans vouloir lui ressembler. Et le point culminant vient dans l'histoire Far West, car on retrouve un auteur classique de la bande dessinée américaine qui n'y a pas passé trop de temps, John Severin.
Avec son style détaillé et sa narration claire, l'artiste connu dans notre pays pour ses bandes dessinées de guerre et pour sa représentation d'un autre héros pulp tel que RE Howard's Kull, laisse une leçon en racontant une histoire et en créant une atmosphère unique pour chaque séquence.
L'histoire de Kim Newman se sépare un peu de l'univers de Sir Eward Gray pour présenter ce que l'on comprendrait comme un épisode d'une série procédurale. Il s’agit ici d’enquêter sur un crime étrange dans une ville côtière ayant une relation plutôt « symbiotique » avec les anguilles. Avec un arrière-goût d'Innsmouth de Lovecraft, Newman laisse une histoire amusante avec des moments horribles qui ont beaucoup plus le goût de la pulpe que l'auteur de Providence, mais qui rehaussent la lecture au-delà des arômes de terreur cosmique et la laissent dans l'horreur populaire la plus actuelle.
Sir Edward Grey Witch Hunter est une superbe série qui s'appuie sur de nombreuses sources littéraires et comiques, mais dont la mission est claire : divertir avec de bonnes histoires d'horreur. Et il le fait largement.