[Critique/Analyse] Le Run de Snyder – Le Deuil de la Famille

Dans ce deuxième article consacré au run de Snyder et Capullo, vous trouverez notre analyse du troisième tome de la série : Le Deuil de la Famille ! 

Et sans plus attendre, lançons-nous dans le résumé et analyse ce deuxième arc du run !


Résumé

Dans ce deuxième arc, dont le titre fait référence à l’ouvrage culte Un Deuil dans la Famille dans lequel le Joker tue Jason Todd, celui qui remplaça Dick Grayson dans le rôle de Robin suite au départ de ce dernier, Batman affronte son pire adversaire : le Prince Clown du Crime. Ce dernier a disparu depuis un an environ de Gotham quand il revient pour s’attaquer au Chevalier Noir en s’en prenant à la Bat-Family et aux alliés de Batman James Gordon et Alfred Pennyworth en tête. En effet, il attaque le célèbre majordome seulement car Wayne Entreprises finance publiquement Batman Incorporated.

L’attaque du commissariat par le Joker

Lors de la première scène, le Joker attaque le commissariat pour récupérer son visage qu’il s’est volontairement fait arraché par le Taxidermiste avant de quitter Gotham. Il annonce ensuite vouloir s’en prendre au maire puis il tend un piège à Batman dans l’usine ACE Chemicals, là où l’homme devenu depuis le Joker est tombé dans une cuve de produit chimique lors de son affrontement face au justicier. Batman parvient bien évidemment à se sortir de cette mauvaise passe, mais, entre temps, le Joker kidnappe Alfred et empoisonne Jim Gordon,qui survivra grâce à l’intervention de Batman.

Enfin, il reproduit son premier crime, dans le but d’avoir une discussion avec Batman, au cours de laquelle il déclare que la Bat-Family affaiblit le Chevalier Noir et qu’il est déçu de voir à quel point il est devenu faible. Il attire ensuite Batman dans l’Asile d’Arkham, où l’attend une mise en scène sadique et horrifique. Le justicier se sortira des différents pièges tendus par le Prince Clown du Crime avant que ce dernier le capture pour son acte final, dont nous ne révélerons pas les tenants et aboutissants pour nous pas gâcher la surprise à ceux qui ne l’auraient pas lu.


Critique et analyse

La première chose que l’on remarque en lisant Le Deuil de la Famille est le caractère sombre, violent et horrifique du récit. On retrouve un Joker extrêmement sadique et machiavélique. Son visage, qu’il récupère lors de son attaque du commissariat, est arboré tel un masque d’Halloween, fixé à l’aide de sangles, de crochets et de fils. Cela donne un aspect monstrueux au personnage, quasiment cadavérique, avec des mouches qui tournent autour de ces chairs en décomposition, tel un mort-vivant venu hanter l’homme chauve-souris.

A cela se rajoute le talent de mise en scène du duo ainsi que le goût de Snyder pour les histoires d’horreur. Le tout nous offre la scène de l’attaque du commissariat où le Joker n’est qu’une silhouette, une voix dans le noir, un prédateur sournois qui suscite la peur dans le cœur de ses victimes pour s’en délecter avant de fondre sur ses proies avec une rapidité, une efficacité et une froideur implacable. La scène, bien qu’elle soit assez courte est très haletante permet de commencer efficacement ce second arc.

Ce second arc est excellent, en terme de narration ou d’illustration, les deux artistes signant ici un arc d’une grande qualité et comme pour la Cour des Hiboux, le symbole en est une composante majeure, maîtrisée par le duo. Alors que le premier arc se concentrait sur l’héroïsme de Batman face à son « prédateur naturel », Le Deuil de la Famille questionne la dualité amour/haine. En effet, le Joker fait énormément de parallèles entre sa relation avec Batman et une relation de couple, par exemple en parlant de routine, de rituels, de préliminaires, de danse. Cela est renforcé par son plan, qui vise à s’attaquer à ceux qui éloignent Batman de lui, la Bat-Family et le rend, à ses yeux, moins fort. Il agit comme un jaloux maladif qui estime être le seul à pouvoir tirer vers le haut son compagnon.

L’homme chauve-souris, quant à lui, ne voit bien sûr pas les choses du même œil et utilise le champ lexical de la haine pour s’adresser au Joker. On est face à une situation paradoxale dans laquelle le héros, justicier luttant pour le bien, utilise un langage haineux et se laisse emporter par sa colère tandis que son adversaire, psychopathe et sadique, cherche à rendre son héros encore plus fort, à l’élever. Ce schéma est celui qui apparaît au premier degré, cependant le Joker est énigmatique et il est difficile de savoir si il croit à son propre délire ou si il joue un rôle pour accroître la terreur qu’il inspire.

Néanmoins, l’opposition entre les deux personnages est extrêmement présente et nous propose un affrontement à la fois très violent et très personnel. Comme il a déjà été dit, le Joker va s’attaquer à la Bat-Family afin de s’en prendre directement à Batman. Cependant, cela ne signifie pas que les coéquipiers de l’homme chauve-souris seront plus présents dans ce récit. Snyder maintient sa volonté de faire de Batman le héros, et ses acolytes ne seront que des moyens pour le Joker de s’attaquer à lui. Là encore, on se retrouve des personnages-fonctions et ce ne sont pas les quelques rares dialogues qu’ils ont qui changeront cette impression.

Batman est donc bien le seul et unique héros de ce récit et son affrontement face à son adversaire le plus emblématique en est la preuve. Le Deuil de la Famille s’appuie sur les « 3 piliers » de ce run, même si la ville de Gotham est un peu plus absente que dans le premier arc, et Snyder nous compte ici un récit horrifique, haletant et extrêmement personnel pour le Chevalier Noir.  Après les tourments que Batman a subis au cours de ces deux premiers arcs, il est temps pour Scott Snyder de malmener la ville de Gotham, ce qui sera le cas dans  son arc suivant, relaté dans les tomes 4 et 5 : l’An Zéro.

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